Enjeux

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Sciences et Recherche

L’étude du TDA/H se heurte à la même difficulté que le reste de la recherche en psychiatrie, le cerveau humain  étant l'objet le plus complexe de l'univers connu.

Ce qu'il reste à en explorer est vertigineusement plus vaste que ce qui en a été dévoilé déjà. En élucider l’organisation et le fonctionnement constitue un des défis majeurs de la connaissance. C’est devenu un sujet de recherche pour de vastes équipes internationales, comme dans le projet européen Human Brain Project dont une présentation en français existe sur universcience, ou le projet similaire aux États-Unis, Brain Activity Map Project.

L'ampleur du problème

Comprendre le fonctionnement du cerveau, et ses dysfonctionnements, est le plus grand défi ouvert par les sciences du vivant, en raison de l'ampleur du problème.

En résumé, l’objet d’étude abrite chez un adulte environ 100 milliards de neurones nourris par des cellules gliales environ 10 fois plus nombreuses. Chaque neurone établit des connexions avec une ou plusieurs centaines d’autres neurones situés à proximité ou bien à l’autre bout du cerveau.

Ce sont des millions de km de circuits de transmission, et le nombre des contacts ainsi formés est de l’ordre de 10 000 à 100 000 milliards. Transmettre des messages et les traiter est  le but.

Il en résulte une extraordinaire capacité de traitement de l’information, elle permet au cerveau de piloter les tâches d'une vie humaine : par exemple, la commande et le contrôle des mouvements, la perception sensorielle, l’apprentissage, la prise de décision, les émotions, le langage, la manipulation de symboles, la conscience d’être, les interactions sociales ...

Le développement du cerveau

Issus de la cellule unique initiale, les neurones se multiplient et se différencient chez l’enfant. Au long d’une vie humaine, sans cesse des connexions nouvelles se forment et d’autres disparaissent, c'est le substrat biologique des apprentissages.

Tels groupes de neurones se connectent précisémment à tels autres, non pas au hasard, car des facteurs génétiques organisent l’architecture générale du cerveau. Mais la formation des réseaux neuronaux dépend également fortement du milieu où vit l’individu, ainsi l’environnement conditionne ses apprentissages[1].

L’organisation du cerveau ainsi que la composition des circuits neuronaux, résultent d’une dynamique opérant non seulement durant l’enfance, mais aussi lors de l’adolescence et à l’âge mûr. Elle porte l’empreinte de l’environnement, de l’expérience et de la mémoire.



[1] Conférence d’Annette Karmiloff-Smith : « De Piaget aux neurosciences, gènes, modules et évolution », offrant un exemple d’approche développementale de troubles d’origine parfaitement génétique, mais battant en brèche les conceptions strictement « innéistes » (à partir de la 6ème minute).

 

Le défi des neurosciences

L'activité du cerveau dépend des propriétés individuelles et collectives des cellules, neurones et cellules gliales, et de leur organisation structurale. Le défi des neurosciences est de comprendre l’assemblage hiérarchique de milliers de composants moléculaires, cellulaires et tissulaires (expression des gènes, trafic moléculaire intracellulaire, compartimentation subcellulaire, formation/stabilisation/force des connexions synaptiques), leur dynamique et leur plasticité.

Il s’agit de comprendre les bases neurales des fonctions cognitives supérieures et des comportements, leur développement chez l'enfant et leur évolution au cours d'une vie humaine, fondées sur les interactions entre le génome d'un individu et son environnement.

L'approche scientifique du TDA/H

Partout dans le monde on étudie aujourd’hui le TDA/H, avec les mêmes méthodes scientifiques utilisées dans les autres champs de la médecine, c’est-à-dire l’épidémiologie, la génétique, l'anatomie, l’imagerie, la biologie, la pharmacologie, ... S'y ajoutent des sciences spécifiques, propres à l'étude du cerveau, comme la neuropsychologie et les neurosciences sociales.

L'histoire des sciences offre, en outre, de comprendre que le TDA/H n'est pas un syndrome d'"invention" récente, mais qu'il possède des précurseurs dont les premières mentions dans des textes médicaux remontent à la fin du XVIIIème siècle.

Les avancées technologiques récentes, par exemple en résolution d’imagerie cérébrale ou bien en puissance d’analyse du génome, ainsi que le développement d’outils d’analyse mathématique et de modélisation nouveaux (indispensables compte tenu de l'énorme masse d'informations à traiter) permettent d’élaborer et de tester les théories et les concepts, selon les normes de l'activité scientifique.

Les publications scientifiques sont recensées dans une base de données (Pubmed). Leur nombre est rapidement croissant, il a été multiplié par 4 entre 2000 et 2013, passant de 629 à 2 412 publications scientifiques par an ayant « adhd » (attention deficit hyperactivity disorder) parmi les mots-clés.

Un trouble neuro-développemental

Les chercheurs sont parvenus à un consensus pour classer le TDA/H parmi les « troubles neuro-développementaux » ; ceux-ci ont en commun :

1) d’affecter le développement du cerveau tôt dans l’enfance ;

2) d’avoir une forte composante génétique, en interaction avec des facteurs environnementaux  ;

3) d’être associés à des anomalies structurelles ou fonctionnelles du cerveau, que révèlent l’imagerie, la neurophysiologie et la neuropsychologie.

Certains troubles neuro-développementaux touchent le fonctionnement global du cerveau (comme l’autisme et le retard mental) et d’autres seulement des fonctions spécifiques (telles que la parole, la lecture ou la coordination motrice).

Les applications de la recherche au traitement du TDA/H

La recherche étudie des mécanismes de compensation depuis l’échelle moléculaire jusqu’aux comportements, afin d’élaborer de nouvelles approches thérapeutiques efficaces pour le TDA/H.

Un objectif majeur est l’identification de marqueurs biologiques, comportementaux et d’imagerie pour un diagnostic précoce, un suivi de l’efficacité des thérapeutiques et le développement d’une médecine personnalisée.

Différents axes de recherches existent :

a)  Comprendre les mécanismes à l’origine du TDA/H, les modéliser et identifier des cibles thérapeutiques ;

b)  Mieux caractériser les sous types du TDA/H ;

c)  Comprendre les différents stades du TDA/H, en particulier la phase prodromique permettant d’introduire le traitement le plus précocément possible ;

d)  Analyser les bénéfices et les risques des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques ;

e)  Etudier les mécanismes des variations individuelles de la réponse aux traitements.

Et en France ...

La recherche de niveau international sur le TDA/H, en France, repose sur plusieurs équipes hospitalo-universitaires, liées à des départements de psychiatrie, parfois de neurologie ou de pédiatrie, ainsi qu'à l'INSERM ou au CNRS.

En nombre de publications la France est assez loin derrière les pays européens leaders en la matière, sans parler du reste du Monde.

 

Allemagne

882

Pays-Bas

627

Suède

330

Italie

308

Espagne

302

France

222

Nombre de publications référencées dans PubMed, depuis 10 ans, en croisant adhd et le nom du pays

 

Un état des lieux de la Recherche en Psychiatrie a été publié par l’Institut Thématique Multi-Organismes (ITMO) Neurosciences, Sciences Cognitives, Neurologie et Psychiatrie[1], dans le cadre de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (AVIESAN)[2]. Est-ce un oubli (?) ... mais  le TDA/H n’y est jamais cité !


[1] Etat des lieux et orientations de la Recherche en Psychiatrie en France. Rapport de l’ITMO Neurosciences, Sciences Cognitives, Neurologie. Validé en Mars  2013.

[2] Plan Strategie Nationale de Recherche 2013 Itmo Neurosciences, Sciences Cognitives, Neurologie Et Psychiatrie.